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    L’annonce récente de l’achat pour quelques (dizaines de) millions d’euros du jeune Martial par une entreprise Anglaise cotée en bourse depuis 2012 et spécialisée dans le football, Manchester United Football Club, a fait grand bruit. Médias, public(s) et commentateurs se sont rapidement agités, brièvement étonnés et faussement offusqués. Les clients d’Old Trafford, eux, sont contents.

    G.Dumoulin

    Dans les « bars des sports » comme sur les plateaux TV envahis d’éminents spécialistes, la question de fond s’est souvent résumée à : « comment ce gamin sans palmarès ni sélection avec les adultes peut-il valoir plus que le grand Zidane ? » A ce rythme, il est vrai que dans 50 ans, avec l’inflation galopante, le roi des coups de tête des finales de coupes du monde ne sera même plus dans le top 50 des transactions les plus chères de l’histoire du sport…Mais le problème de fond n’est pas là.

    La vérité c’est que la somme déboursée pour ce jeune homme de 19 ans est dérisoire au regard de ce qu’il est supposé générer comme profit. En économie, ce phénomène se nomme spéculation.

    Les clubs Anglais à eux-seuls ont investi plus d’1 milliard d’euros (source : le monde 01/09/2015) dans les achats de footballeurs lors du mercato estival 2015. Ce chiffre ahurissant représente plus que le PIB de la Gambie ou de la Guinée-Bissau. Au total, le montant des transactions des clubs du big 5 sur le marché de l’achat et de la revente de joueurs (le big 5 regroupe les 5 grands championnats Européens à savoir Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie) représente 3, 292 milliards d’euros pour l’été 2015 (source : CIES football observatory, septembre 2015).

    Plusieurs constats de bon sens s’imposent alors :

    1. La saine concurrence et l’équité sportive sont en voie de disparition, explosées à grands coups de livres sterling (selon l’étude menée par « CIES football observatory » en septembre 2015 toujours, ce ne sont que les clubs les plus riches des ligues les plus riches qui bénéficient des retombées sportives de ce système),
    2. L’économie du sport utilise le facteur humain comme une monnaie d’échange,
    3. Dans ce contexte si particulier, de nombreuses dérives semblent inévitables (dopage, dumping social, renforcement des inégalités, disparition des sports non-bancable, etc.)

    Il est donc admis et accepté de tous (institutions, clubs, télévisions, spectateurs, agents, intermédiaires, joueurs et familles de joueurs ) que le « matériel humain » (selon l’expression de Pierre Menes de Canal +) est un outil acceptable et légitime pour effectuer des transactions financières. Les joueurs ont une valeur marchande, cette valeur marchande est inscrite dans les bilans comptables des « clubs-sociétés » (sociétés anonymes sportives professionnelles, SASP, ou sociétés anonymes à objet sportif, SAOS) et constituent de fait un actif incorporel pour ces dernières. Rappelons qu’un actif est une ressource dont des avantages économiques futurs sont attendus par l’entité.

    Répétons le : en économie, ce phénomène se nomme spéculation.

    A ce jeu de la négoce, c’est Monaco qui, en Europe, remporte le trophée. Avec 203 millions d’euros de revenus issus de la vente de joueurs de football en 2015, la principauté sort un bilan positif de + 121 millions d’euros. Evidemment, on ne se demande plus si Monaco cherche encore à gagner des titres (et à combler de bonheur ses nombreux supporters) ou si l’objectif est tout autre.

    A l’image de l’île britannique et du refuge monégasque, le football moderne (et, par rebond, le sport professionnel) confirme qu’il est bien un gigantesque « marché », fonctionnant (entre autres) sur l’achat et la revente d’êtres humains. Il y a quelques siècles en arrière, ce phénomène s’appelait esclavage…

    Face à l’indécence du prix des transferts et à la pression exercée sur les joueurs par les « clubs-sociétés » pour prolonger « stratégiquement » les contrats de travail, la Fédération Internationale des Associations de Footballeurs Professionnels (FIFPro) a déposé plainte contre la Fifa auprès de l’Union Européenne. C’est déjà ça.

    Pour le secrétaire général de la FIFPro, Théo Van Seggelen, les contrats de joueurs sont davantage utilisés comme des instruments financiers, que comme des contrats de travail. Au plus grand bonheur des clubs, télévisions, agents et différents intermédiaires.

    Si, en raison des sommes considérables générées principalement par les droits TV, le phénomène reste spécifique au football (les Anglais ayant un coup d’avance sur les autres championnats), parions qu’il s’étendra inévitablement à d’autres sports. Et qu’il grandira.

    G.Dumoulin

    Fondateur de SportRising

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